mercredi 22 décembre 2010

Un instant

Elle et moi, pas rapides, buts certains,
Dans une allée bondée d’âmes,
A peine le temps de regarder, de comprendre,
Tout juste le temps de se voir dans les miroirs,
Des couleurs, des  pancartes, des vendeuses, des caisses,
Dés défilés de vitrine, tout en arc en ciel.
Puis un instant marqué dans le temps,
Un instant court, un instant figé au milieu de tous.
Assis sur un banc comme entrelacé par leurs flancs,
Le jeune couple s’apprivoise mutuellement,
Leurs  regards se cherchent et se trouvent,
Tout devient soyeux, tendre et voluptueux,
En cet instant aussi léger que le pas des passants,
Leurs vies prennent un sens éblouissant,
Chaque lumière de la scène les angélifies,
Et aux yeux du monde, leurs amours s’amplifient.
Quelques regards, futiles, le sourire aux lèvres,
L’impatience de se retrouver dans l’intimité,
Chacune de leurs envies se ressentent, l’amour est palpable,
Je détourne le regard et le pose avec légèreté sur ma femme,
Je l’aime …

Solitude

Solitude

Une musique d’ambiance ensevelissait la pièce,
Recouvrant les fleurs de sa charmante tendresse.
Tout restait figé comme si le temps avait stoppé
Ces objets afin que ce moment soit dessiné.

Le son se faufilait agilement dans l’air
Et pareil à une feuille morte elle tombait
Dans le creux de mon oreille. Je la laisse faire.
Pour elle, il n’y avait pas d’autre destinée.

La statuette d’une vierge vient à moi
Je crois que je l’attire mais pourquoi ?
Elle est si triste, si transparente, je l’aime
Cette femme est si parfaite, c’est une crème.

Le cendrier me rappel une des erreurs,
Et la cendre me prédit ma future odeur.
Je serais comme elle un jour, fragile,
Aux grés du vent et de l’humide argile.

Le faux sapin du vrai jour de noël
Filtre les lueurs  qui dés le matin l’ensorcellent.
Elle restera encore quelques heures debout
Avant qu’on ne lui coupe le cou.

Le tapis semble dormir, et mes pas lourds
N’ont jamais réussi à réveiller se balourd.
Il aurait pu voir de belles choses
Et pourtant il ne change pas de pose.

Même si tout semble vivre en ce lieu
Je suis seul et perdu parmi eux.
Je n’ai de sens que par leur présence
J’inverse la logique et tout son sens. Solitude…

Lapidation


Lapidation

Son voile se reposait sur son doux visage.
A cette heure, la beauté est cachée, c’est plus sage.
Son cœur palpitait aux rythmes des pas
Qui l’emmenait lentement vers son trépas.

Les regards se posaient sur elle, ultime,
Elle ne sera que la prochaine victime.
S’habiller de blanc, pour être à même le sol,
Et ces cailloux qui pour le moment la frôle.

Il n’y a plus d’issue, plus d’échappatoire,
On la jugeait coupable du délit d’un soir.
Ces frères sont présents, son père la pousse.
Elle se met à suffoquer, pleure et tousse.

Un projectile, son genou crie le martyr,
Un autre, son bras commence à faillir.
Puis une ruée, et son corps se disloque,
On la rit, on la siffle, on se moque.

Elle retire son voile et voit le sol,
Celui qui la portait le soir du viol.
Ce sol où elle a connu son enfance,
Mais aussi celui de sa pénitence.

Elle lève la tête, son amant, son bourreau,
Celui qui pendant la nuit jouait au héros.
Il a un caillou à la main et un sourire au visage,
Une larme, le dernier avant la dernière phase.

C’est ici que sa vie prendra fin aujourd’hui
Et ces lui qui lancera la pierre de ces nuits.

Le Gros

Le Gros

Prés du feu de la cheminée, éternelle beauté,
Le gros souvent à la nuit tombée rêvassait.
Sa vie était faite de condition et de résolution,
L’une souvent maitre incontesté de sa raison.
Mais s’il avait voulu tout changer,
Ou s’il acceptait sa dure destinée.
Et encore, encore, il rêvassait,
Désolé de ces gênes obèses,
Outré par la cellulite qui le pèse,
N’ayant pour femme qu’une revue,
Chaque jour qui passe le tue.
Or il cachait en lui une vérité pure,
Ni moi, ni ma plume ne pouvait y faire censure,
Car son âme était gravée du sceau de mercure,
De toute les possibilités qu’il avait imaginées,
Et de toute celle qu’on lui avait proposée,
Le gros sur sa chaise n’en retenu qu’une.
Il ferma les yeux et se retrouva sur la lune.
Il retrouva sa reine prés d’un cratère,
Elle attendait le gros en sifflotant dans l’air
Une romance magique et légère.
Emplie de bonheur le gros s’avança,
Et en bon gentleman il lui offrit des lilas.
Sur et certain que cette vie était plus belle,
Oubliant que le rêve n’est pas sempiternel,
Le beau décida d’en faire sa réalité.
Un bruit assourdissant vient de se déchainer,
Tournant le regard vers la sphère bleue
Il vit une balle partir dans les cieux…